« Tu n’es rien pour moi », a dit son mari. Je n’imaginais pas qu’elle se présenterait à mon bureau le lendemain… pour me proposer un emploi.

« Tu travailles toujours dans ce petit bureau ? » demanda la sœur de David en se versant du vin.

« Oui », dit calmement Linda.

« Tu ne penses pas qu’il serait temps de rejoindre une “vraie” entreprise ? Avec un mari comme David, tu ne devrais pas avoir à te soucier de l’argent. »

Elle regarda son mari. Il ne dit rien. Il ne la défendit pas, il ne la regarda même pas.

« J’aime où je suis », dit-elle d’une voix à peine audible.

« Eh bien… si tu te contentes d’être une petite souris grise », murmura sa belle-sœur en haussant les épaules.

Linda resta silencieuse.

Et puis David l’a dit. Sans affection. Sans la regarder. Sur un ton moqueur.

« Tu n’es rien pour moi. »

Le silence se fit à la table. Mais personne ne parut surpris.

Sa mère continuait de couper la viande. Sa sœur sirotait du vin. Son père était au téléphone.

Linda comprit : pour eux tous, elle n’avait jamais été plus que ça. Rien.

Il posa calmement ses couverts et se leva.

« Tout va bien ? » demanda distraitement la mère de David, sans lever les yeux.

Linda ne répondit pas. Elle prit son sac à main et se dirigea vers la porte.

« Linda ? » David leva enfin les yeux. « Où vas-tu ? »

« À la maison », dit-il.

« Mais nous n’avons pas fini de dîner. »

Elle le regarda.

« Pour un rien, le dîner est terminé. »

Il fronça les sourcils, surpris.

Cette nuit-là, elle marchait sans but. Elle avançait, sans réfléchir, sans ressentir. La ville bourdonnait autour d’elle, mais tout semblait étouffé, lointain… comme si elle évoluait dans un cocon invisible qui l’isolait du monde.

À titre illustratif uniquement
D’une manière ou d’une autre, elle s’est retrouvée devant un bâtiment modeste, familier depuis son enfance : l’appartement de sa tante, la seule qui ait jamais été gentille avec elle.

 

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