Test ADN : un outil pour mieux se connaître ?

Test ADN : des chiffres et peu d’explications

Faire déchiffrer son adn est autorisé depuis plusieurs années déjà aux États- Unis, en Italie, au Danemark ou en Allemagne. En revanche, on l’ignore souvent mais cette pratique reste illégale en France et passible de 3.750 euros d’amende, en l’absence de nécessités médicales ou judiciaires. Or, d’après une estimation de l’Inserm, environ 150.000 Français y ont tout de même recours chaque année. Et pour cause : il n’y a rien de plus facile.

Les sites internet ont pignon sur rue et ils ne sont pas avares en publicité. “Je ne savais pas que c’était interdit“, avoue Dominique. Ce septuagénaire passionné de genealogie n’a pas pu résister à la tentation. “Je me suis tout simplement connecté sur le site pour envoyer une demande, puis j’ai reçu un kit de prélèvement. On doit juste frotter le Coton-Tige à l’intérieur de sa joue, remballer le tout et le renvoyer dans une enveloppe prépayée.

Dominique a ensuite créé un compte. Il a reçu ses résultats par e-mail trois semaines plus tard. “J’ai découvert que j’avais 33 % de slave, alors que ma famille est à moitié italienne et à moitié originaire du sud-ouest de la France“, raconte-t-il. “Cela a clairement posé plus de questions que ça n’a apporté de réponses !” Dominique n’est pas le seul déconcerté : les témoignages perplexes abondent. Une fois passé l’effet “pochette-surprise”, on est finalement un peu perdu : que signifient ces chiffres ? De quels ancêtres parle-t-on ? Ce ne sont pas MyHeritage ou 23andMe qui pourront le dire.

Test ADN : prudence avec les infos ethniques

15 % ibérique, 25 % anglaise… Il est tout d’abord fondamental de garder en tête que ces pourcentages représentent des tendances et non des valeurs absolues. Un laboratoire analyse l’échantillon d’ADN. Puis, des ordinateurs croisent les résultats obtenus avec des données sur des groupes de populations historiques, dont on sait retracer le parcours à travers le temps, ainsi qu’avec les informations communiquées par les personnes testées (leur lieu de vie ou bien leur arbre genealogique par exemple). C’est un algorithme qui, au bout du compte, est chargé de simplifier et traduire le tout en chiffres intelligibles.

Il y a de nombreuses imprécisions“, pointe Nathalie Jovanovic-Floricourt, présidente de l’association DNA Pass. “Elles sont notamment liées au fait que les analyses parlent de nationalités, alors qu’en réalité, il s’agit de populations qui sont souvent transfrontalières.” Par exemple, lorsqu’on vous annonce que vous êtes “ibère“, cela recoupe une partie du sud-ouest de la France. Quant au diagnostic “anglais“, il englobe également la Bretagne et la Normandie…

Par ailleurs, comme chaque société constitue sa propre base de données, on a de fortes chances d’obtenir des conclusions différentes si on réalise plusieurs tests. Les infos délivrées se révèlent donc plutôt grossières.

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