Film après film, Alain Delon va bâtir sa légende. Les personnages qu’il interprète dégagent cette même ambiguïté, faite de dureté et de faiblesse, de tragédie contenue. Ce spleen mystérieux va devenir sa signature. L’Italie se l’arrache. Il tourne pour Luchino Visconti (Rocco et ses frères, Le Guépard) ou Michelangelo Antonioni (L’Éclipse), une liste de chefs-d’œuvre qu’il complète en France, chez Henri Verneuil (Mélodie en sous-sol, Le Clan des Siciliens) , Alain Cavalier (L’Insoumis), Jacques Deray (La Piscine)…
Sa rencontre, en 1966, avec Jean-Pierre Melville, est décisive. Sous les traits de Jeff Costello, le tueur à gages mutique du Samouraï, son statut d’icône mondiale se renforce. L’exposition de sa vie privée va de paire avec ce succès. L’aspect sentimental surtout, compliqué, instable, s’étale dans les magazines. Son histoire passionnée avec Romy Schneider, son mariage avec Nathalie Sand, la mère de son fils Anthony, sa relation de quinze ans avec Mireille Darc…
Le crépuscule
À l’orée des années 1980, après un dernier grand rôle dans Monsieur Klein en 1976, sa carrière marque le pas. Les grands cinéastes préfèrent un Depardieu ou un Cluzet, à cette star d’âge mûr qui se met en scène dans des polars taillés à sa gloire et quelque peu ringards (Pour la peau d’un flic, Parole de flic…). L’acteur reçoit pourtant, en 1985, un César pour son rôle de paumé alcoolique dans Notre histoire, de Bertrand Blier. Mais le film est un échec commercial. Il trouve du réconfort auprès de Rosalie Van Breemen, un mannequin hollandais qui lui donne deux enfants, Anouchka et Alain-Fabien. Mais, comme avec Anthony, les relations avec ce deuxième fils sont houleuses. Le rôle du père est celui qu’il a eu le plus de peine à endosser…